Le Perche
Formation du Comté du Perche

n 911, à Saint-Clair-sur-Epte, Charles le Simple laisse à Rollon les territoires de l'Epte à la mer. Il y eut encore quelques attaques normandes, à la suite desquelles le successeur de Rollon reçut le reste de ce qui est la Normandie, et même le Maine (qu'on lui reprit). Mais la notion actuelle de limite territoriale n'a alors aucun sens ; ce ne sont jamais que des droits de fidélité et de protection, accompagnés de patronages sur des abbayes ou des églises, de telle sorte que chaque cession est toujours contestée - par les armes bien sûr.

Pour cette raison, il existe, au début du XIe s., une zone indécise entre un puissant duché de Normandie, un Comté de Blois qui pousse jusqu'à Chartres, un Comté du Maine étendu jusqu'à la Bretagne. Dans la zone peu pénétrable entre ces grands fiefs dans cette période où Carolingiens décadents et pré-Capétiens contestés rivalisent pour occuper le trône de Francie occidentale, la situation se présente de la façon suivante :

Orderic Vital, historien du XlIe s., est suspect sur le récit qu'il fait de l'attribution de Bellême et d'Alençon à Yves de Creil vers 945. Ce qui est sûr, c'est que, d'une façon ou de l'autre, cet Yves reçoit l'hommage des petits seigneurs de ces régions. Son frère était en même temps évêque du Mans, ce qui facilitait son emprise sur le Saosnois et son influence sur La Ferté.


Son fils Guillaume ler fait construire le château de Bellême sur le sommet de la colline (le vieux château était à mi-pente).


Il en fait construire un autre à Domfront, un troisième à Ballon, un quatrième à Exmes, vingt-huit autres entre ceux-ci. Ainsi, juste quand régnait sans gloire le second capétien, Robert le Pieux, un grand fief tampon entre Normandie et Maine était en passe de se constituer, mais est d'abord très compromis à la veille de sa mort par l'intervention contre lui des deux voisins.


Le second de ses fils, Guillaume II (1033-1053) recevra le surnom de Talvas, "le bouclier". En fait, après des péripéties dramatiques, ce Talvas ne recouvre ses seigneuries qu'à la veille de sa mort, de la main de Guillaume le Bâtard qui sera bientôt le Conquérent.


Sera plus encore associée à la Normandie, sa fille héritière Mabile, qui épouse Roger II de Montgomery, d'Exmes. Malgré son nom (Amabilis), on la dépeint comme une sorte de furie meurtrière et empoisonneuse. Les textes qui le disent sont suspects et, en fin de compte, c'est elle qui fut assassinée en 1082.


Son aîné Robert II, fut surnommé le Diable - ne pas le confondre avec celui du château proche de Rouen. Méchant, turbulent, "une bête fauve d'une cruauté turieuse" dit un moine de Thiron, surtout un brouillon versatile. En 1097, Guillaume le Roux, duc de Normandie, lui fait organiser les défenses du Vexin, en particulier Gisors et Neauphle. Mais, sur ses propres terres, il s'occupe notamment du Saosnois, entre Alençon et Bellême, coeur fragile de toutes ses possessions. Le nom de " Fossés Robert" est encore le nom d'un chemin au nord de Marolles-les-Brault, rocade qui reliait plusieurs mottes. Celles de Perray et de Courgains (Gibet-à-la-Truie) relativement bien conservées, méritent une visite.


Après une série d'alliances et de revers, Robert le Diable finira dans une geôle anglaise et Bellême sera pris en 1114 par Henri Ier, roi d'Angleterre qui s'empressera de remettre la place à son gendre Rotrou III (1100-1144), comte du Perche.


Avec Mortagne, Bellême, Nogent, s'opère la mutation finale du Comté de Corbonnais en Comté du Perche.



  Rotrou IV (1144-1191) susséda à son père.

           Geoffroy V (1191-1202).


                 Thomas (1202-1217).


Quant aux cinq baronnies du sud, entre temps, elles sont devenues le PercheGouët : Guillaume Gouët, au temps de Mabile de Bellême, possédait Montmirail, Authon et La Bazoche (c'est par là qu'une commune s'appelle Le Gault). Il épousa lui-même Mathilde d'Alluyes, qui apportait aussi Brou. Il fallut encore plusieurs siècles pour que le Perche-Gouët eut les mêmes seigneurs que Nogent.