Le Perche
Le Perche integré dans le Royaume

ésormais l'histoire locale ne sera plus guère que des aspects particuliers de l'histoire nationale. Aussi, nous tiendrons-nous seulement aux épisodes de celle-ci qui touchent spécialement au Perche.


Dès la conquête du rovaume anglais en 1066, le duc normand était en titre l'égal du roi de France, bien qu'il restât son vassal théorique pour ses terres de France. En réalité, il était beaucoup plus puissant, surtout quand, progressivement, s'ajoutèrent à la Normandie le Maine, l'Anjou puis, avec Henri II Plantagenet, l'Aquitaine. Son fils Richard Coeur-de-Lion mit Philippe-Auguste en deroute, tout près du Perche, à Fréteval-sur-le-Loir. Brusque renversement : le même Philippe n'a plus en face de lui que Jean-sans-Terre. Dans les formes les plus féodales, mais avec aussi des troupes bien manoeuvrées, il confisque les fiefs du Plantagenet, ce qui fait passer le Comte du Perche, Guillaume Rotrou, à sa vassalité immédiate.



Louis IX

Mais celui-ci meurt sans héritier proche au début de 1226. La reine Blanche de Castille, cousine lointaine, recueille le Comté. Son époux Louis VIII va partir en croisade contre les Cathares ; il confie la garde de Bellême au duc de Bretagne, Pierre de Dreux, dit Mauclerc. Louis VIII meurt dans le midi : Blanche est chargée de la régence du jeune Louis IX.

Révolte de féodaux, dont Mauclerc. Celui-ci ayant considérablement renforcé les défenses de Bellême, s'allie au roi d'Angleterre qui débarque en Bretagne. Avant que les deux complices aient fait mouvement vers Paris, Blanche marche sur Bellême en une saison inusitée, janvier 1229, par un froid terrible. Elle fait bûcheronner ses troupes en forêt, pour chauffer le camp, surtout à cause des chevaux. Celles-ci passèrent à l'attaque de la ville, par sape et catapultes. La maîtresse tour s'étant écroulée, la garnison se rendit.


Saint-Louis ayant reçu le Comté de sa mère le donna en apanage à un de ses fils ce système, par lequel un roi donnait à un proche des honneurs et des redevances féodales, tout en conservant l'autorité réelle, dura jusqu'à la Révolution.



Charles VII

Nous ne nous attarderons pas sur la guerre de Cent Ans. Dans sa première partie, 1346-1356, la peste noire causa certainement plus de victimes, et, par suite, de délâbrement économique, que les armées, qui n'eurent pas à passer dans le Perche. Le pire moment est après 1422 : par suite du traité de Troyes, Henri VI d'Angleterre devient diplomatiquement roi de France ; il est âgé de dix mois seulement, mais le régent Bedfort était redoutable et la Normandie lui était d'importance capitale. Charles VII est reconnu roi par les populations des pays de la Loire. Le Perche devient une pièce maîtresse dans la stratégie. Ses places avaient d'abord repousse toutes les attaques, mais ne purent tenir après une victoire anglaise à Verneuil. Incapable de mettre garnison dans tous les châteaux, l'occupant garde seulement, en les consolidant, Longny, Mortagne, Bellême, Nogent ; il détruit les autres. Des bourgs comme Rivray, Montisambert, disparurent. Les armées de Charles VII ne reprirent le Perche qu'en 1449.


La population détestait les Godons (ceux qui disaient toujours God dem) surnommés encore les Coués (pourvus d'une queue, comme le diable).


Le siècle de paix qui suivit se caractérise par une floraison de manoirs.


 
Manoirs de la Lubinière et de la Vove.

Puis, opération pacifique par excellence : la révision de la coutume écrite au temps de Louis XI. C'est le code de législation civile appliqué par les tribunaux seigneuriaux et les baillis. Les juristes se rassemblèrent à cet effet dans la salle capitulaire de l'abbaye de Saint-Denis de Nogent, en 1558. Cela donna lieu à de grandes solennités. Cette coutume était plus proche de celle de Paris que de la Normandie. Elle ne s'appliquait pas au Perche-Gouët -, la sienne avait été rédigée en 1508, avec celle de Chartres, dont elle différait peu.


C'est aussi dans la première partie du XVIe s. que la royauté établit, dans une intention plus militaire qu'administrative, les gouvernements. Alors que, par la personne du Comte, le Grand Perche restait lié à Alençon, le gouvernement était de Maine et Perche (Thimerais inclus). Le Perche-Gouët se rattachait à Orléans.


Quant à la propagation de la foi évangélique, elle eut un certain succès : dans les premières années d'application de l'Edit de Nantes, Authon eut une église réformée importante et nous connaissons un certain nombre de seigneurs qui avaient leur "prêche" en un local voisin du château.