Le Perche
Les deux derniers siècles

ous ne raconterons pas la Révolution dans le Perche. Naturellement, il s'y produisit des incidents multiples : les circonstances favorisaient le déchaînement des individus au caractère violent et haineux. Mais le massacre d'un prêtre réfractaire à Bellême, les détournements de convois de vivres ou les attaques de diligences ont peu de portée générale. Sous aucune assemblée, de 1789 à 1815, on ne relève de représentants notables originaires des districts issus des deux Perche.


Signalons que la délimitation départementale projetée prévoyait le rattachement du district de Nogent à l'Orne ; c'était faire entrer dans un seul département tout le Grand Perche, et même une partie du Perche-Gouët qui relevait, jusqu'alors d'Orléans ; niais un Constituant, Giroust, avocat à Chartres, natif de Nogent, obtint par son intervention, le découpage actuel.


On doit penser que le Perche était proche des provinces insurgées pour le roi et la foi. De ce fait, le mouvement de la chouannerie y eut quelques répercussions : non dans la phase militaire, puisque l'armée vendéenne se fit écraser au Mans, mais par le soulèvement qui couvait et qui éclata à la fin de 1799, à l'occasion d'une levée de conscrits. Il fallut des opérations militaires en règle contre des bandes qui s'assemblaient plutôt en maquis qu'en armée ; les Chouans prirent cependant Bellême en janvier 1800 et en furent chassés par un régiment de 1200 hommes qui traitèrent durement la population. Peu après, Louis de Frotté, chef de la chouannerie dans l'Orne, fut saisi par traitrise en Alençon, passa une nuit sous bonne garde à Mortagne du 17 au 18 janvier et fut exécuté le soir du 18 à Verneuil, sur ordre exprès du Premier Consul Bonaparte. Le Consulat promulguait la Constitution de l'An VIII qui réunissait les districts de L'Aigle Bellême, Mortagne en un arrondissement avec cette dernière ville pour chef-lieu ; ceux de La Ferte-Bernard et Fresnay-sur-Sarthe étaient joints à Mamers, Mondoubleau à Blois, Châteauneuf-en-Thimerais à Dreux. Le district de Nogent devint arrondissement sans changement. Le nombre des cantons se trouvait également réduit. Le cadre administratif n'a guère changé depuis, mis à part un petit nombre de fusion de communes.


Pour "l'histoire événementielle" depuis ce temps, notons trois occupations :1815, 1871 et, surtout, 1940-44. Mais, plus que les combats, en prélude a la bataille du Mans de janvier 1871, plus que les sévices allemands contre les résidents de la dernière guerre, l'effroyable hécatombe de la guerre de 14-18, sur les générations masculines des classes 91 à 18, les ruraux étant les pourvoyeurs de l'infanterie, a porté un coup plus grand que l'occupation étrangère.


L'histoire des XIX et XXe siècles est aussi attachée au phénomène de dépopulation des campagnes et de croissance des villes desservies par de bonnes voies de communication.


Il faut préciser aussi qu'à cette époque, la population "rurale" n'était pas toute agricole : les charrons, les maréchaux-ferrants, les menuisiers, les maçons, les couvreurs, les forgerons, les sabotiers, les filotiers, les tisserands, voire des fondeurs et des verriers, potiers et briquetiers, étaient tout à la fois tâcherons et cultivateurs d'un lopin plus ou moins grand.